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Tranche de diaporama

Un autre monde  (suite)
par Christian Hendrickx


Deuxième partie de la confection de ce diaporama : les images.

Comme raconté dans la première partie, j'avais déjà quelques images de manifestation de métallurgistes, mais il fallait encore étoffer le projet. Et c'est par « Les forges de Clabecq » que je décidai de commencer. Je pris donc contact avec la délégation syndicale de l'usine; pourquoi la délégation syndicale? Tout simplement car l'usine était occupée par les travailleurs. Après plusieurs refus (ils n'aimaient pas beaucoup la presse et se méfiaient de tout ce qui venait près de l'usine avec appareil photo ou micro) je pus, grâce à un délégué syndical qui m'avait été présenté, faire des photos dans l'usine mais en étant obligatoirement accompagné par un ouvrier de l'usine (je vous disais bien qu'ils se méfiaient... !), ce qui m'enlevait la possibilité de photographier ce que je voulais et aussi le temps de trouver les bons angles de prises de vue. Malgré tout, j'en garde un bon souvenir ! Pour augmenter l'intensité du caractère « social » décrit par la bande son, je choisis de traiter tout ce qui était outil métallurgique en noir & blanc (en Scala 200), film que j'avais déjà utilisé pour « Présence ».

Autre monde Vu que je n'avais pas tellement d'images d'usines, je décidai d'aller un peu du côté du bassin de Charleroi, à Marchienne exactement, où se dressait le haut fourneau n° 5. Me voilà parti un dimanche matin à cet endroit. Quelques usines et un immense terril brillent au soleil d'hiver le long de la Sambre, la lumière est bonne, nous sommes au début du mois de mars, et je distingue dans cette belle lumière matinale une usine assez moderne en pleine activité à l'arrière, et devant celle-ci une autre beaucoup plus ancienne mais à l'abandon: le haut fourneau n° 5. Evidemment c'est lui qui m'intéresse. Je vois bien la pancarte qui interdit toute personne étrangère... etc., mais ne suivant que mon désir de photos, je n'hésite pas à franchir l'entrée et, tout heureux de ce qui s'offre à mon objectif, je passe au moins deux heures à mitrailler et à chercher les meilleurs angles et lumières. Ce que je ne savais pas, c'est que j'avais été repéré...

A un moment, je décide de photographier cette usine à une autre altitude et je repère juste en face un terril grand comme une montagne, que j'entreprends d'escalader. Bien m'en prit car, arrivé à mi-hauteur, en me retournant j'aperçois un combi de la gendarmerie qui tournait dans cette usine désaffectée à la recherche, je pense, d'un photographe qui hantait les lieux sans autorisation... Du terril où je me trouvais je riais dans ma barbe car je n'étais alors plus dans un site privé et, après avoir fait les prises de vues qui m'intéressaient, je m'offris même une sieste, caressé par un soleil généreux bien que ce fut encore l'hiver !

Les images commencent à s'accumuler; hélas, je me rend compte qu'il me faut encore d'autres usines. Cette fois-ci je décide de faire plus officiel et, toujours par l'intermédiaire de la délégation syndicale, je prends contact avec « La maison de la Métallurgie et de l'Industrie » à Liège, où j'expose ma démarche et surtout mon désir de faire des photos de sites métallurgistes. Mais ce n'est pas si facile que cela, photographier des sites industriels, c'est interdit et scrupuleusement gardé. Néanmoins, à force de persuasion, d'attentes, donc de patience, j'arrive à mes fins et je suis mis en contact avec le groupe Cockerill Sambre et son responsable du Département des Relations extérieures. Un monsieur tout à fait charmant et aimant la photo, ce qui – vous en conviendrez – est un atout majeur quand on fait ce genre de demande !

Autre monde Nous convenons d'un rendez-vous, situation un peu rocambolesque car, comme dans les séries policières, suite à un fax m'indiquant le chemin à suivre, le rendez-vous est fixé un matin à 8h30 sur un rond-point au bout d'une route départementale. La personne est au rendez-vous et, après une franche poignée de mains, nous nous dirigeons vers ses bureaux où après décliné mon identité et ma carte fédérale, je reçois une autorisation écrite pour photographier dans le site de Chertal. En outre, instruit par ma première expérience aux Forges de Clabecq, j'obtiens l'autorisation de me promener seul dans le site, il n'y a que pour les intérieurs que je dois être accompagné. Et pour couronner le tout, comme les Liégeois sont des gens chaleureux, je fus inviter à partager à midi leur repas à la Maison de la Métallurgie. C'est dire que je fus comblé autant par leur gentillesse et leur désir de m'aider, que par les dias que je pus grâce à leur tolérance réaliser ce jour là ! Vraiment un bon souvenir !

Après avoir fait le tri de toutes les images, les couleurs d'un côté, les noir & blanc de l'autre, je commençai sur la boite à lumière à préparer les différentes séquences, à noter les temps par rapport à la bande son. Puis ce fut, accompagné par un ami plus expérimenté, le long travail de synchronisation sur le matériel du club, des heures et des soirées de travail, de vision, de découragement parfois, puis à nouveau d'enthousiasme quand cela avançait un peu mieux...

Et puis la première projection devant quelques membres du club, les premiers pincements au ventre aussi, le trac de la nouvelle création et de la critique des copains, et puis la satisfaction d'avoir terminé une belle aventure et déjà, comme disait à l'époque Michel Neuwels, une fois présenté en public le montage ne vous appartient plus !

C'est vrai ça – si on pensait au prochain ?!

Christian Hendrickx

Fiche technique :
  • Texte : Nicole Lanckmans
  • Voix : Marielle Vinckenbosh & Eloise Piraprez
  • Musiques : BO du film Ulysse's Gaze & Joe Jackson
  • Synchronisation : Bässgen Quatrix II - 4 projecteurs
  • Année de réalisation ; 1999


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