Sommaire


Tranche de diaporama

UN FAIT DIVERS
par Ricardo Zarate et Gérard Desroches

Le résumé
Vous vous apprêtez à déjeuner quand, de la fenêtre du restaurant, vous assistez à un assassinat.
En vous portant au secours de la victime vous vous saisissez de l'arme du crime, laissez sur place des objets personnels... et devenez ainsi le suspect numéro un.
Arrêté, menotté, emprisonné, inculpé, jugé, condamné, incarcéré, humilié, sans presque savoir comment.
Dans l'univers carcéral, les images de la spirale dans laquelle vous avez été entraîné deviennent lancinantes. Vous n'êtes pas l'assassin, mais comment le prouver ?
Etes-vous bien sûr de ne pas être l'assassin ?

Le premier déclic
Tout a débuté fin 1990 par une demande du Tribunal de Grande Instance au photo-club en vue de réaliser une série de montages "pédagogiques" sur différents aspects de l'activité judiciaire... Evidemment, l'occasion était trop belle pour ne pas profiter des sauf-conduits délivrés par l'Autorité judiciaire auprès de la Police, de la Gendarmerie, de la prison, et autres.
Puisqu'il était question de faire des montages "promotionnels" pour la Justice, pourquoi ne pas en faire un montrant qu'il pouvait y avoir des erreurs, se dirent des imaginations fertiles (car chacun sait que ça ne peut pas arriver)... Ainsi, tout en faisant les prises de vues "officielles" pour le Tribunal, certains profitèrent des portes grandes ouvertes pour faire des clichés "parallèles" ou nouer des contacts pour des prises de vues ultérieures...

Le deuxième déclic
Après le premier déclic créé par la demande du Tribunal, et tandis que le scénario s'élaborait par petites touches puisées dans les informations quotidiennes, le deuxième déclic a été la découverte d'un disque d'un groupe suisse dont deux morceaux comportaient des éléments correspondant parfaitement aux points forts que nous commencions à entrevoir et dont la trame générale rendait bien l'atmosphère que nous voulions créer. Mais, entre les plages musicales originales et la bande son finalement réalisée, il y a une "légère" différence puisque 18 modifications (coupes, inserts, mixages, etc.) ont été apportées (et à l'époque on ne travaillait pas sur ordinateur mais avec bandes, cassettes, scotch et ciseaux !).

L'assassin
C'est la recherche de l'assassin qui a été la plus problématique, et pourtant on ne voit quasiment pas ce brave homme – les gens sont bizarres tout de même !
La première bévue a été commise quand, à la question du candidat pressenti "et pourquoi m'avez-vous choisi ?" Ricardo répondit "parce que vous avez la tête de l'emploi" ! Le contact a été perdu. Quelque temps plus tard, Ricardo rencontre le candidat idéal : musclé, énigmatique, tatoué; fort de son expérience précédente, Ricardo ne lui donne pas trop de détails sur l'histoire et sur la place qu'il y tiendra. Alors que j'étais seul avec lui, le type me demande quelle attitude il doit prendre pour les photos; n'étant alors pas au courant de l'épisode précédent je lui réponds benoîtement "prenez un air un peu menaçant, parce qu'en fait c'est vous l'assassin". Et hop, un deuxième qu'on n'a jamais revu !
Alors on s'est rabattus sur l'animateur de la Maison des jeunes du coin auquel on a collé quelques décalcomanies en guise de tatouages !

Le pull-over et le colza
Les premières séances de prise de vues avec le personnage principal ont été faites alors qu'il faisait plutôt frais; notre ami Jacques portait donc un gros pull de laine bien chaud. Quelques semaines plus tard, lorsque le champ de colza repéré longtemps à l'avance était en pleine floraison, on convoque Jacques et son pull-over. Manque de chance, ce jour là il faisait plutôt chaud et le pauvre a dû courir plusieurs fois dans le colza ! Qu'il ne se plaigne pas: il a fait une petite cure d'amaigrissement et son pull a eu une teinture en jaune gratuite !

La prison
Les prises de vues générales ont été faites lors de la première visite à l'occasion des prises de vues pour le Tribunal; impeccables, mais il manquait des photos de notre comédien dans une vraie cellule. Nous avions imaginé pouvoir les faire en studio mais, on a beau dire, l'ambiance n'est pas la même. Alors, coup de fil à la prison pour solliciter un nouveau rendez-vous "car une partie des photos demandées par le Tribunal ont été loupées" (la honte!) et demander en même temps l'autorisation de venir avec un assistant supplémentaire...
Le sous-directeur et le gardien-chef ont dû se demander longtemps pourquoi nous avons tant insisté pour faire des photos dans une cellule exiguë, pourquoi notre "assistant" gardait son gros pull d'hiver alors qu'il transpirait à grosses gouttes car il faisait très chaud, pourquoi nous n'avons fait que quelques photos rapides des ateliers et de la nouvelle salle de sport toute neuve dont ils semblaient si fiers...

Les photos inutiles
Les bons maîtres nous enseignent qu'il faut établir un script précis et s'y tenir...
En nous dirigeant vers la prison, nous découvrons un envol de montgolfières; l'idée géniale surgit alors: si on arrive à avoir des ballons dans le champ de prise de vues au-dessus de la prison, ça fera un symbole très fort (et en plus tout le monde nous accusera d'avoir abusé de sandwichs, de surimpressions et autres trucages de diaporamistes, et ça nous fera bien rigoler). On arrive à temps, il y a des ballons multicolores partout dans le ciel, on fait plein de photos et on rentre dans la prison. Une fois dans la cellule, miracle: par la fenêtre on voit encore des ballons dans le lointain, un jeu d'enfant que d'en avoir un entre les barreaux dans l'axe du regard de notre prisonnier.
Les diapositives reviennent du labo, elles sont bonnes mais, une fois intégrées dans le montage, force est de constater qu'elles ne collent pas ! Il en ressort en effet l'impression que notre prisonnier rêve de liberté, d'évasion, alors qu'au contraire notre propos est de montrer qu'il est happé par la machine, entraîné dans la spirale infernale... Alors nous avons dû éliminer ces belles diapos, pleines de symbolisme, mais pas à leur place dans ce diaporama.
Les bons maîtres ont parfois raison...

Fiche technique :
  • Photos : R. Zarate
  • Texte : G. Desroches
  • Voix : Patrice Pellegrini; Jean-Pierre Meunier
  • Collaborateurs : Jacques Caramella, Daniel Chalon, Julien Schmit, Gilbert Bergerot, Roland Rutili, Jean-Pierre Meunier, Jean-Jacques Weimerskirch, Patricia Baehrel, Roger Dantonel, Jean-Louis Corsin, Patrice Pellegrini.
  • Remerciements : Gendarmerie nationale, Commissariat de police de Thionville, Le Républicain Lorrain, France Info, Tribunal de Grande Instance de Thionville, Maison d'arrêt de Metz-Queuleu
  • Année de réalisation : 1991 (version numérique : 2003)


  • Sommaire