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Tranche de diaporama
L'Oubli par Christian Hendrickx ![]() Avril 2001, le lendemain du mariage de ma fille, mon père décède. Depuis plusieurs années, il souffre de la maladie d'Alzheimer. Pendant de longues années j'assiste impuissant à la dégradation de son cerveau et de son corps. Semaine après semaine, je vais le voir, mais lui ne me reconnaît plus et m'appelle "Monsieur", lui qui avait l'art de me donner plein de surnoms, sans doute pour marquer son affection, j'étais son seul fils... Cette absence me fait souffrir et m'incite à mettre sur papier ce que je ressens. L'idée d'un diaporama n'est bien sûr pas d'actualité. Le jour des funérailles, je lis à l'assemblée devant sa dépouille une lettre que j'aurais voulu lui dire de son vivant, le genre d'écrits qui vous sortent du cœur quand celui-ci est malade et saigne... Quelque temps après, me vient l'idée de faire un diaporama sur cette maladie que j'ai longtemps côtoyée, et je me souviens du texte que j'ai lu à l'église. Je me souviens aussi des écrits que j'ai fait pendant sa longue maladie et je me mets au travail. Dans ma jeunesse, mon père jouait du violon et parfois, certains soirs, il prenait son instrument pour me jouer quelques beaux morceaux suivis d'anecdotes, vraies ou fausses, cela n'avait pas d'importance, ni à mes yeux, ni à mes oreilles, j'étais subjugué par la beauté de la musique. Une amie doué dans l'écriture m'aidera à trier les phrases et en faire une syntaxe correcte et très vite le texte définitif se dessine. Tout de suite mon choix est fait pour l'interprétation du texte; ce sera Hakim Louk'Man, vous vous rappelez, la voix du prisonnier dans "La bête immonde". Je lui envoie le texte et, d'emblée séduit par le sujet, il donne son accord pour l'enregistrement que nous ferons le 26 mars 2002. La voix correspond très bien à ce que je voulais donner comme ambiance, restait à faire la bande son. ![]() Un ami photographe me parle d'un lieu plus ou moins abandonné dans la périphérie de Bruxelles, un vieux cimetière envahi par les lierres et autres plantes sauvages. C'est vrai que c'est un endroit spécial. Ce qui me frappe c'est le jeu de lumières sur les tombes renversées et en mauvais état, aussi ce calme et cette sérénité; l'ambiance est plutôt celle d'un jardin abandonné. J'y retournerai souvent, parfois pour plusieurs heures; je vais chaque fois de découverte en découverte. Les images avancent, par contre, je coince sur la bande son... Un jour de chance (eh oui, il y en a parfois) en me promenant dans un grand magasin de musique, je trouve en rayon une pile de CD qui viennent apparemment de rentrer et je découvre qu'il s'agit de la bande originale du film "the Red Violin"; je l'écoute et tout de suite dans mon esprit je l'associe à la voix de Hakim et du texte. J'ai enfin trouvé ma musique... Comme d'habitude, c'est sur CoolEditPro que je commence à travailler cette nouvelle bande, mais encore une fois je coince; il me manque une musique plus vivante. Et me voilà parti à la recherche de cette musique qui devrait se raccorder avec la voix et, surtout, avec les extraits de la B.O. du film. C'est finalement J.S. Bach qui me sauvera avec l'extrait "Allemande" de sa Partita n° 2 en ré mineur. La bande son terminée, je peux me consacrer entièrement aux images. ![]() Le montage avance, mais il me manque encore des images, des symboles... Je continue à visiter les cimetières... Un ami qui connaît mon projet me parle d'un cimetière au nord de Bruxelles, celui de Laeken où, parait-il, de nombreuses stèles funéraires sont surmontées de belles statues. Je m'y suis rendu plusieurs fois, découvrant à chaque fois d'autres statues, en jouant au chat et à la souris pour photographier, car en Belgique il faut une autorisation administrative pour faire des prises de vues dans un cimetière, mais le jeu en valait la chandelle... Les gouttes de pluie, prises sur la porte en verre de la véranda, serviront à accentuer le sentiment de chagrin face à cette dégradation de l'âme et de l'esprit. Après avoir réuni toutes les images et fait le tri nécessaire, je garderai 63 photos. Le montage sera travaillé pour quatre projecteurs, et terminé pour le gala du club en 2004. C'est en 2006, que je le numériserai. Ainsi se termine ce montage dédié à mon père, Jean-Baptiste. Christian Hendrickx Fiche technique : |