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Tranche de diaporama

Le petit monsieur en gris

par Christian Hendrickx


L'aventure commença dans ma douche, un samedi soir...
N'attendez pas ici une anecdote croustillante, non, ce fut beaucoup plus simple... Ecoutant distraitement la radio, sous le fil de l'eau mon attention auditive est attirée par un texte, qui tout de suite m'émeut... n'écoutant que mon courage, à peine sorti de ma douche j'envoie un mail à la radio dans le but de me procurer le texte. Impatient, déjà mon esprit foisonne d'images. Quelques minutes plus tard je reçois par mail à la fois le texte et les coordonnés de l'auteur (une femme en l'occurrence).

Petit monsieur Pris par le vertige d'un nouveau diaporama, je m'empresse d'écrire à cette dame, pour lui demander l'autorisation d'utiliser son texte. Car il faut savoir qu'un texte qui passe dans une émission de radio est sujet aux droits d'auteur. Cette charmante dame n'hésite pas à me donner ladite autorisation écrite et me propose même une cassette avec l'enregistrement de la voix. Mais dans ma tête une autre idée a germée et comme je trouve la voix radiophonique un peu jeune je décline l'offre. Connaissant une comédienne que j'avais déjà entendue dans un diaporama d'un autre auteur, je prends contact avec elle et suite à son accord, nous prenons rendez-vous à Soignies dans l'ancien studio des "chasseurs de sons" pour l'enregistrement du texte. Ici mon ami Paul Janssens est de la partie pour le montage sonore. L'idée était que le texte soit dit comme s'il était encore dans la pensée de la dame... l'essai est concluant, mais comme il est murmuré, je ne vous dis pas les heures passées à "nettoyer" la voix. Nous avons une voix "propre", reste à trouver une musique qui va s'adapter au timbre et naturellement au texte.

Comme d'habitude, recherche tous azimuts et finalement c'est chez mon fournisseur attitré de cd que je trouve ce que je cherche, un cd ECM Production intitulé " At Home " et interprété par Misha Alperin au piano. Le titre générique me semble correspondre au texte. Je le soumets à Paul qui lui par contre n'a pas la même idée que moi. Finalement c'est la plage " Nostalgia " que nous retiendrons, seulement elle fait 2'40 et le texte beaucoup plus ! L'idée nous vient d'exploiter les bruitages. Paul ancien président des " Chasseurs de son " belge est assez allergique aux bruitages "tout faits" vendus sous forme de cd. De commun accord, nous allons nous partager le travail, Paul prendra du son dans des gares et sur le train, (plus facile pour lui comme il travaille aux chemins de fer) et moi je m'occuperai de tout ce qui est bruitages de ville et de métro.

J'apprends que pour se promener avec un micro dans le métro il faut une autorisation... grâce à un ami de longue date, j'obtiens une autorisation écrite, la même que l'on donne aux cinéastes professionnels, valable un an, me permettant de prendre du son et de filmer dans le métro, pour moi ce sera bien sûr des prises de vues argentiques.
Un samedi, muni de mon Tascam Dat, d'un micro électret Sony stéréo ECM-MS957 et d'une perche, je m'en vais prendre du son dans le métro, une journée de voyage, dans les couloirs du métro bruxellois, dans les rames et sur les quais. Cela va des portes qui s'ouvrent et se referment, aux conversations dans les wagons, en passant par les départs et arrivées de rames, des bruits de pas dans les escaliers et couloirs, etc. Tout peut servir pour le montage, donc j'engrange un maximum de bruits. Bien sûr, les "bonjour micro" s'accumulent, mais bon cela sera coupé au montage. Restent les bruitages de ville et de circulation. C'est à même le sol armé d'un micro Sennhneiser 421 sur pied qu'un soir, sous le regard éberlué des automobilistes passant à ce carrefour à l'heure de pointe, que je réalise cette prise de son... il faut bien prendre quelques risques parfois. Muni d'un bon stock de bruitages, je retrouve mon complice quelque temps plus tard pour le montage proprement dit.

Evidement, c'est d'abord l'écoute et le tri de ce que nous allons utiliser; un véritable puzzle, puis le montage son (merci Paul pour ta patience) qui nous prendra quelques heures (quand on aime on ne compte pas). La bande son prend corps et petit à petit cela devient cohérent.

Petit monsieur Restent les images... D'abord quelle saison? Il me semble que l'automne et l'hiver correspondront le mieux à l'intrigue. Pour commencer, je vais photographier la gare de Verviers, début de l'histoire. Comme à l'habitude, je me renseigne sur le temps et la direction du soleil pour avoir la façade éclairée. Anecdote amusante: un dimanche matin, je téléphone à cette gare pour voir s'il y a du soleil et notamment sur la façade, et là il faut souligner la gentillesse de l'employé qui quitte son guichet pour sortir de la gare et me signifier quelques secondes après qu'il fait gris... Plus tard, je prends contact avec le chef de gare, à qui j'explique ma démarche et je lui demande l'autorisation de prendre des dias à l'intérieur de la gare. Avec son accord, un jour de grand soleil, je prends rendez-vous et ce brave homme me conduit dans tous les endroits possibles et imaginables de cette gare, même sur le grenier, pour avoir les meilleures prises de vue. Il y a vraiment un Bon Dieu pour les diaporamistes. En relisant le scénario, je comprends que pour que cela soit plausible, je dois faire attention à l'heure de l'horloge dans le grand hall de la gare de Verviers (9h25) et puis au trajet que fera le train jusque Liège (9h49) et jusqu'à la gare centrale (69 min.). Eh oui, il y a des spectateurs attentifs...

Le stock d'images se précise. Reste à savoir si je vais faire des prises de vues dans un compartiment de wagon. Très vite je me rends compte qu'il n'y a pas grand-chose à photographier dans un train et qu'en plus il doit être à l'arrêt; en outre, un train dans une gare est fermé s'il ne roule pas... l'idée est vite rejetée, il me faut autre chose. Un jour dans un journal, suite à un article d'une grève aux chemins de fer, je découvre une photo de rails, prise avec une lumière particulière... voilà exactement ce qu'il me faut. Pour corser le tout, je vais à l'agence "Belga" qui conserve les négatifs des clichés pris par leurs journalistes et avec la date du journal et la gentillesse des secrétaires, je retrouve le négatif et l'endroit où cela a été tiré. C'est dans la sortie de la gare de Dendermonde. Il me faut ce genre d'endroit et cette lumière. Après de nombreux renseignements auprès d'amis, je trouve une gare de triage près de Namur, et un dimanche d'hiver où la lumière est particulièrement belle, armé de mon Nikon, je pars à la chasse aux rails et autres ambiances ferroviaires...

Arrivé à l'endroit, un panneau m'indique que le site est interdit à toute personne étrangère au service, aïe aïe, ça commence mal. Prenant mon courage à deux mains je rentre quand même et j'aperçois une tour de dispatching; le temps d'expliquer ma demande, la belle lumière s'en va, mais moi je détiens un numéro de téléphone d'un responsable qui pourra peut-être m'aider. Pendant la semaine je prends contact avec celui-ci, qui me confirme une autorisation à condition de faire très attention et de ne pas approcher des rails... Le samedi suivant, j'ai de la chance, la lumière d'hiver est rasante et de nouveau aussi belle, et bien sûr me voilà parti sur le site ; je me fais connaître et j'obtiens le laissez-passer indispensable pour faire mes images. Evidemment, je prends quelques risques, car je travaille au 55mm et au 105 macro pour avoir une belle profondeur de champ. Après une longue matinée de prise de vues, voilà les photos mises en boîte. Reste encore la gare du Nord puisque le train passe par là et la gare centrale, jonction avec le métro (vers St Guidon). Toujours l'hiver, je vais gare du Nord, muni d'un pied photo et d'un 80-200 mm. C'est depuis les quais que je ferai mes prises de vues, sans aucune autorisation et sans être le moins du monde inquiété, au contraire j'ai droit à des signes de mains et au sourire des cheminots, c'est pas beau ça ! Le montage se précise...

Petit monsieur Gare centrale, c'est un après-midi que je procède aux prises de vues, quelques-unes à l'intérieur qui ne me donnent pas entière satisfaction, malgré le filtre que j'ai mis sur l'objectif pour que l'éclairage (néon) ne soit pas verdâtre, filtre que j'utiliserai également pour les prises de vues sur les quais du métro; finalement j'utiliserai peu d'images de cette gare. Viennent les prises de vues dans le métro. Toujours muni de mon passe-droit, il me faudra quelques matins frileux aux heures de pointe entre 7h et 8 h, seul et dans différentes stations, pour arriver à me constituer un stock valable de dias, La station de métro St Guidon et l'église se feront en deux fois, et cette fois-ci en automne, tout comme certaines prises de vues de la ville. Les intérieurs de l'église St Guidon furent faits en semaine, et le plus souvent le matin, toujours pour la direction de la lumière. C'est dans le parc de Bruxelles, que je découvrirai le petit "angelot" qui sera le symbole de l'amour et qui servira également dans le générique de fin, les deux feuilles d'automne, mises l'une à côté de l'autre en quinconce seront le dernier symbole de la passion qui unira les deux amants.

Et puis nous arrivons enfin au montage et à la synchronisation des images et du son. Comme toujours ce sont des heures de triage sur la table lumineuse et l'aide de copains (merci Léon) pour arriver à un montage cohérent. Les projections en soirée de travail au club serviront grandement à affiner les fondus et finalement c'est en fin d'année 2004 que le montage sera définitivement terminé pour le gala du club. Quelle belle aventure que l'histoire du petit monsieur en gris....

A la prochaine, si vous le voulez bien !

Christian Hendrickx

Ce diaporama peut être téléchargé ICI
Fiche technique :
  • Texte : Siska Moffarts
  • Musique : Misha Alperin
  • Voix : Francoise Licour
  • Montage sonore : Paul Janssens et Christian Hendrickx
  • Synchronisation : Bässgen Quatrix II - 4 projecteurs
  • Année de réalisation : 2004
  • Numérisation PTE : 2005


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