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Tranche de diaporama

Un autre monde
par Christian Hendrickx


Un jour Nicole Lanckmans me téléphone et me dit qu’elle vient d’écrire un texte suite à un incident qu’elle vient de vivre...
Faisant du bénévolat dans un hôpital, elle s’est trouvée dans l’ascenseur avec un jeune homme étrange qui apparemment délirait un peu. Frappée par l’allure et les propos de cet homme, son inspiration suivit et, de retour chez elle, elle se mit à écrire un texte; elle l’avait surnommé « Thomas » (faisant sans doute allusion au saint du même nom).

Autre monde De mon coté, j’étais un peu comme tout le monde, je suppose, interpellé par ce qui se passait en cette année 1997 en Belgique. Il y avait eu la « Marche Blanche », d’autres manifestations, ainsi que de gros problèmes de restructuration aux Forges de Clabecq. J’avais assisté à la « Marche pour l’emploi » organisée le dimanche 2 février 1997 pour faire un reportage photographique mais, vu le temps gris, sombre et maussade, j’avais plutôt entrepris de « prendre du son », ayant mon matériel avec moi et ne sachant pas à ce moment là ce que j’allais faire de cette prise de son.
Egalement entre-temps, ayant assisté à d’autres manifestations à Bruxelles, j’avais fais des prises de vue, plus spécialement de manifestants sidérurgistes (une idée germait déjà dans ma tête...!)

Dans tous ces événements sociaux, un mot revenait souvent: « solidarité », et tout doucement l’idée se mit en place, j’avais « le fil rouge », solidarité… Nouvelle rencontre avec l’auteur du texte, pour lui amener mon idée, ce fil rouge, dénommé ici « solidarité » et là en gardant le thème principal du « premier jet » (Thomas) elle refait le texte, court (366 mots) et précis. A la première lecture, je dois avouer que le texte ne m’enchanta pas plus que ça et je le fis lire à d’autres, pour avoir leur avis, qui fut tout aussi peu enthousiaste. Avec beaucoup de diplomatie, je le dis à l’auteur qui, à mon étonnement, le prit un peu mal, tout en gardant sa position, me disant que c’est moi qui dois sentir le texte et que je dois être sûr de vouloir l’utiliser (sic). Nous en restons là, et le texte va dans un tiroir pour des jours meilleurs.

Pourtant le sujet m’importune, me donne à réfléchir, m’envoie dans mon mental des images... je sens que je dois reprendre ce sujet et relire le texte, peut-être plus m’en imprégner, qui sait ? Ce que je fais et les idées continuent à évoluer... je pense qu’il me faut une introduction « coup de poing » et j’écris une introduction, que je vois plutôt dite par un enfant.
Il me faut une voix d’enfant, comment faire ? En ce temps là je construis ma maison et un matin je dois donner un coup de téléphone à mon menuisier et c’est son fils (un enfant de 8/9 ans) qui me répond, la voix me frappe, c’est la tonalité que je recherche. Je demande au père l’autorisation d’enregistrer la voix de son fils, et nous nous mettons d’accord pour fixer une date d’enregistrement. Celui-ci a lieu chez moi, mais l’enfant est nerveux, se trompe souvent, et malgré plusieurs prises, je me rend compte que cela ne va pas. Après quelques essais tout aussi infructueux avec d’autres enfants, je me décide à transcrire le texte comme un titre et à le projeter sur une autre image. Mais il me faut un fond sonore derrière, je repense aux enfants et l’idée me vient d’aller prendre du son dans la cour de récréation de l’école où mes enfants ont passé leur classes primaires. Par chance, le directeur est l’ancien prof de 6e de mon fils, et comme j’ai dû souvent le rencontrer à l’époque (ah, ces enfants!), nous avions un bon contact et... des souvenirs ! Sans problème j’ai l’autorisation et me voilà un matin avec mon micro au milieu de gosses enchantés de pouvoir chahuter autour de moi !

Autre monde Fort de ces enregistrements (les gosses et la manifestation de Clabecq), je reprends le texte et décide de l’enregistrer. Comme dans la bande son de Clabecq il y a beaucoup de voix d’hommes, il me semble opportun de trouver une voix de femme. Je fais appel à Julia Garden qui me recommande une jeune fille qui suit son cours de diction à l’Académie. Contact pris, cette jeune fille est tout de suite enthousiasmée et d’accord pour interpréter le texte que je lui ai préalablement envoyé. D’un autre côté, j’avais investi dans un nouveau micro Beyer à condensateur, également acheté en même temps par le président des chasseurs de sons, de façon à pouvoir travailler en couple stéréo, et une date fut fixée pour effectuer l’enregistrement au club des chasseurs de sons à Soignies, où dans l’auditorium nous pouvions utiliser nos micros, préampli-micros et DAT Panasonic sv-3700.

Voilà, j’avais la voix, les cris des enfants, les voix des manifestants, mais quelle musique pouvait accompagner une bande son pareille? Me voilà à nouveau parti à la recherche de musiques ! En écoutant des musiques de films, je découvre « Ulysses’ Gaze », un film de Théo Angelopoulos, et une musique de Eleni Karaindrou. Tout de suite je réalise que c’est la musique qui convient le mieux à l’ambiance que je veux faire passer pour ce diaporama. C’est alors que je réalise que pour accentuer le « coup de poing » de l’introduction, il me faut une musique forte, ce que je ne trouve pas dans « Ulysses’ Gaze ». Je reçois un jour un CD de Joe Jackson et dans la première plage je trouve ce que je cherche (c’est pas de la chance ça ?!). Où cela se corse c’est que me revoilà avec mon idée de l’enfant qui lit l’introduction. Et la chance continue avec l’enregistrement d’un texte par une petite fille pour un copain, diaporamiste lui aussi. En faisant l’enregistrement, je me rends compte que cette voix d’enfant pourrait tout aussi bien me servir pour mon introduction, et du coup je lui propose d’enregistrer les quelques phrases de l’introduction. Ce qui fut fait.

Tout les éléments en ma possession, il fallait passer au mixage. En ce temps-là, pas d’ordinateur ni de programme pour traiter le son. Je fais appel à mon ami Paul Janssens pour avoir de l’aide dans ce domaine, lui-même ayant et l’outil et les compétences pour ce genre de travail. Alors s'enchaînèrent les nombreux aller-retour vers Soignies, le découpage systématique des enregistrements faits à Clabecq (comme dans le Tic du Tag) par écrit, pour ne garder que l’essentiel, les heures à « nettoyer » les voix de Marielle et d’Eloise. Et les heures de découpes, de mixages et d’écoute, pour avoir un travail soigné (merci Paul pour ta patience). Enfin, une bande son de 11 minutes fut réalisée et je pus passer à l’étape suivante que je vous raconte sur la page suivante, si vous voulez bien tourner la page.

A suivre par ici...




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